
Les grues cendrées, à nouveau dans nos plaines !
13 février 2025
Pour une protection sociale agricole forte !
20 février 2025Suite à la promulgation des résultats des élections aux chambres d’agriculture les 6 et 7 février, Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne et secrétaire général de la FNSEA, dresse un premier bilan.
La Marne Agricole : suite aux élections dans la Marne, quels messages souhaitez-vous adresser à vos adhérents et sympathisants ?
Hervé Lapie : Je remercie tous nos électeurs qui ont soutenu notre liste. C’est une reconnaissance du travail accompli par nos trois syndicats : la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et le Syndicat Général des Vignerons. En faisant près de 68 % de résultat dans le collège 1 des exploitants, avec une avance de plus de 1 600 voix en notre faveur vis-à-vis de la Coordination Rurale et de 2 200 voix vis- à-vis de la Confédération Pay- sanne, le message est clair et sans équivoque. C’est 88,5 % des sièges pour lesquels nous avions une liste que nous conservons.
Une élection est aussi une aventure collective ?
H.L. : Oui, tout à fait. Nous avons eu raison de rester sur notre projet, en nous appuyant sur les valeurs du travail, de la responsabilité et de l’engagement. J’adresse un grand coup de chapeau à nos conseils d’administration et à nos candidats, qui ont mené une campagne exceptionnelle. Avec des réunions de terrain, des conférences de presse, des vidéos, des SMS, des mails, 2 600 appels téléphoniques… Nous avons gagné cette élection car nous avons fait campagne.
Vous avez préparé cette campagne avec beaucoup d’engagement, tant au niveau départemental que national. Comment l’avez-vous vécue ?
H.L. : Elle fut difficile et très particulière, dans un contexte économique et politique très tendu. Nous avons commencé par l’élaboration d’un projet, en nous appuyant sur la force de notre réseau d’adhérents et d’élus. Notre objectif était d’améliorer le taux de participation et d’amener nos adhérents à voter. Nous mesurions ce vent de dégagisme ambiant, amplifié par beaucoup de médias. Nous avons ainsi amélioré de 3,5 points le taux de participation dans la Marne et nous avons maintenu une belle participation au niveau national, soit 50 %.
Vous avez été sûrement surpris de voir les Vignerons indépendants soutenir un autre syndicat, la Coordination Rurale, alors qu’au niveau national, la FNSEA et les Vignerons indépendants travaillent de concert ?
H.L. : Oui, effectivement, j’ai été surpris de cette posture car au niveau national nous obtenons de nombreux acquis pour les Vignerons indépendants. Par exemple, nous avons obtenu dernièrement le maintien du TODE, au niveau de la main-d’œuvre saisonnière. Sur le plan national, les Vignerons indépendants sont derrière la FNSEA concernant de nombreuses revendications. Ils ont bien compris les synergies communes. « C’est l’intérêt général pour les agriculteurs et les viticulteurs qui compte ! »
14 départements français ont basculé vers la Coordination Rurale. Comment analysez- vous ce résultat ?
H.L. : Nous savions qu’en détenant 97 chambres d’agriculture sur 101, il y avait plus de risque d’en perdre un certain nombre que d’en gagner. Nous restons malgré tout majoritaires en détenant plus de 80 % des chambres d’agriculture. Un véritable vent de colère s’est exprimé, c’est certain et c’est normal, au vu des crises que nous rencontrons sur les fermes céréalières et d’élevage, en zones intermédiaires et dans certaines régions viticoles.
Pourtant vous avez obtenu de nombreux acquis ?
H.L. : Depuis 2 ans, nous remontons ces sujets d’inquiétude en tant que corps intermédiaire. Toutes les avancées que nous avons obtenues, représentant près de 450 millions d’euros, ont été malheureusement bloquées momentanément par la dissolution de l’Assemblée nationale, la motion de censure et les gouvernements successifs. Nous avons enfin obtenu satisfaction grâce au vote des différents budgets. Ces acquis qui arriveront dans les cours de ferme sont bien le fruit de notre mobilisation syndicale et non pas celui de nos concurrents, qui étaient bien trop préoccupés à faire du dégagisme.
Les parlementaires marnais reçus vendredi dernier par votre syndicat ressentent aussi ce vent de colère et pas seulement en agriculture. Quelles en sont les causes selon vous ?
H.L. : La cause principale est claire. Quand vous êtes confronté, par exemple en tant qu’éleveur, à la fièvre catarrhale ovine, que vous attendez les vaccins et les indemnisations et que rien n’arrive, vous vous heurtez à une inertie administrative, à une lenteur insupportable. C’est la même chose concernant le soutien des trésoreries suite à la moisson catastrophique. Nous sommes en février et rien n’est encore en place. Les politiques sont parfois déphasés par rapport aux réalités de nos entreprises. La colère doit s’exprimer, mais elle n’amène pas à un projet.
Les corps intermédiaires sont-ils essentiels pour débloquer cette situation ?
H.L. : En tant que corps intermédiaire, nous sommes entre le marteau et l’enclume. Et je le dis souvent aux politiques, heureusement que nous sommes là pour remonter la colère et parfois la contenir. Il faut redonner le goût d’entreprendre et relocaliser la production sur nos territoires. Quand je vois qu’à Sarry, il y a un blocage par des organisations politiques et certaines associations pour un projet de poulailler qui respecte les normes et les réglementations, je suis révolté. Il va falloir revenir à la raison. L’en- jeu de notre souveraineté alimentaire est stratégique.
Pouvez-vous nous rappeler les enjeux de ces élections pour les six prochaines années ?
H.L. : Ces résultats vont conforter notre lobbying auprès de Monsieur le préfet et de notre DDT. Nous allons continuer, comme nous le faisons tous les mois, à remonter les dossiers de terrain et défendre nos agriculteurs. Nous souhaitons avoir une chambre d’agriculture qui soit au service de tous les agriculteurs et viticulteurs, notamment pour accompagner les transitions.
Les syndicats se sont affrontés avec une certaine tension, lors de ces élections, quel message adressez- vous à l’ensemble des agriculteurs ?
H.L. : La campagne a été rude et difficile. J’ai subi des attaques personnelles. Malgré tout, ce qui m’intéresse et me préoccupe, c’est l’unité du monde agricole. Les paysans attendent autre chose que des syndicats qui se battent entre eux. Ils veulent des réponses concrètes dans les cours de ferme. Nous accompagnons donc tous les chefs d’entreprise qui ont des projets créateurs de valeur ajoutée et quel que soit leur système ou leur sensibilité. Nous aurons aussi à gérer le renouvellement des générations pour les cinq prochaines années. Donc pas de dogmatisme mais du pragmatisme. C’est l’intérêt général pour les agriculteurs et les viticulteurs marnais qui compte !
PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLE MEILLEUR