Et maintenant ?
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16 juillet 2024Inondations : lors des fortes précipitations du 29 juin dernier en Haute-Marne, il est tombé l’équivalent de 1 à 2 mois de pluie en quelques heures.
Pour mieux comprendre la gestion de cette crue, interview d’Emeline Amblard, chef du service gestion des ouvrages à Seine Grands Lacs.
Avant les fortes précipitations tombée en Haute-Marne, comment a été géré le remplissage du lac du Der cette année ?
Il suffi t de regarder la courbe d’exploitation du lac du Der, elle est très parlante. La phase de remplissage a commencé début novembre 2023 et nous en sommes à la septième crue écrêtée !
Chaque fois que le débit à l’amont du lac-réservoir (courbe violette) a dépassé le débit de référence (débit à ne pas dépasser dans la rivière à l’aval, pointillé violet) qui évolue en fonction du mois où on se situe dans l’année, nous avons dû sur-stocker (courbe bleue qui s’écarte de la courbe noire en pointillé gras). C’est une année atypique au regard du nombre
de crue et nous avons rempli le lac-réservoir en essayant de gérer au mieux ces évènements.
Comment avez-vous géré cette crue ?
Cette année, comme les dernières années, nous avons fait le choix de renforcer la tranche exceptionnelle du lac. Nous avons ainsi moins rempli le lac afin d’avoir une plus grande capacité de stockage en cas de crue de printemps ou d’été. Ce volume disponible nous a permis de stocker 32 millions de m3 supplémentaires et d’éviter un débit de 350 m3/s max dans la Marne. Néanmoins, au vu des débits à l’amont du lac qui nous étaient annoncés par Vigicrues, nous avons tout de même dû solliciter des dérogations auprès de la préfecture de la Haute-Marne, en concertation avec la préfecture de la Marne, et laisser des débits en rivière plus importants qu’à l’accoutumée afin de ne pas saturer le lac trop vite et de pouvoir écrêter le pic de la crue, c’est-à-dire le débit le plus fort.
En quoi c’est une crue plus importante que celle de l’été 2021 ?
Les débits maximums observés à l’amont du lac-réservoir du Der étaient d’environ 270 m3/s en 2021, contre 350 m3/s pour la crue de juillet de cette année.
Pourquoi voit-on de l’eau sortir du lac du Der alors qu’il se remplit en même temps (by-pass) ?
Le by-pass est un système de dérivation des eaux de la Marne et de la Blaise qui permet, en cas de crue, de diminuer son débit et de limiter ses débordements pour les riverains situés entre le canal d’amenée et de restitution du lac. Il s’agit de prendre de l’eau de ces rivières, davantage que d’habitude, de la faire transiter par le lac, et de la relâcher ensuite en même temps.
De fait, l’activation du by-pass ne conduit pas en elle-même à une variation du niveau de remplissage du lac, car l’eau prise ne fait que transiter par le lac. Si, visuellement, on peut croire que le lac relâche de l’eau pendant la crue au lieu de la garder, il n’en est donc rien. Par ailleurs, le lac se remplit car le débit entrant est
plus élevé que le débit sortant.
Les JO ont-ils un impact sur la gestion du lac ?
Cette année, nous avons décidé, au regard des conditions météorologiques et hydrologiques, de remplir plus faiblement le lac du Der afin d’être en capacité d’écrêter une crue de printemps ou d’été. Ce choix a bien évidemment été fait en intégrant le paramètre « Jeux Olympiques » mais ça n’était qu’une donnée parmi d’autres. Et nous voyons aujourd’hui que ce choix était le bon. Il faut préciser que, même avec un taux de remplissage de l’ordre de 90 %, le lac du Der est suffisamment plein pour garantir un soutien d’étiage.
Propos recueillis par Mathilde Fournier, animatrice syndicale