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22 juin 2023Retour sur l’Assemblée Générale 2023
22 juin 2023Au cours de l’assemblée générale de la FDSEA 51 au Capitole de Châlons-en Champagne, une table ronde autour de « L’adaptation et solutions de l’agriculture face au changement climatique » a été organisée. Tour d’horizon.
Après l’introduction et différentes interventions en début d’assemblée générale de la FDSEA au Capitole de Châlons-en-Champagne, une table ronde avec différents acteurs s’est déroulée autour du changement climatique.
Christiane Lambert, présidente du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles européennes), Serge Zaka, ingénieur agronome et Docteur en agro climatologie, Thomas Lauvaux, climatologue et Professeur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, ainsi qu’Hervé Lapie, président de la FDSEA 51 et secrétaire général de la FNSEA ont pu débattre sur ce sujet.
Réalité scientifique actuelle
Les données actuelles montrent que la courbe du carbone continue d’augmenter.
« Nous devons maintenir le puits de végétation naturelle en marche car sinon ce sont 25 % de plus d’émission de CO2 dans les prochaines années. Il faut absolument laisser des plantes absorber et stocker le carbone. Nos émissions augmentent car nos consommations augmentent.
Du côté du point de vue de chercheur, c’est très compliqué d’établir un bilan bas carbone. Chacun a sa méthode et donc c’est parfois impossible de bien comparer les chiffres. Les marges d’erreurs sur les bilans peuvent aller de 30 à 40 % selon les volontés des autorités locales.
C’est un réel problème pour dresser un bilan carbone cohérent et révélateur. Il faut donc plusieurs années pour obtenir un chiffre correct et clé pour prendre des décisions.
Pour avoir des chiffres plus précis, nous installons des capteurs sur les villes et nous comparons avec les tendances annoncées pour voir la marge d’erreur.
En tant que chercheur, nous voulons mettre cela en place pour étudier les courbes mois par mois et ainsi aider les décisionnaires à avoir des chiffres valables », avance Thomas Lauvaux.
Aller au-delà des frontières
Pour sonder au mieux le bilan carbone de l’ensemble de la planète et des différentes parties du monde « il faut mettre en place des systèmes qui soient développés pour tout le monde et standardisés. Pour avoir une chance d’atteindre l’objectif décarbonation 2030, il faut gérer nos systèmes et la manière dont nous générons les déchets et autres mouvements du quotidien.
Pour connaître quelle politique aura le plus d’impact sur notre bilan carbone, il faut aller chercher et creuser chaque moindre détail. Mon rôle est d’amener un maximum d’informations et de réaliser ce suivi », précise le chercheur.
Des rendements à la baisse
À la question comment l’agriculture marnaise va pouvoir s’adapter aux différents scénarios de réchauffement climatique prédits par les experts, Serge Zaka, agro climatologue, apporte ses éléments de réponse.
« Un tour climatique dans la Marne et leur impact est à montrer. Retour sur 2022 avec l’année la plus chaude observée en France avec 14,5 degrés de moyenne et la deuxième la plus sèche avec -25 % des précipitations. Les précipitations au printemps 2023 ont tout de même rattrapé certains niveaux.
Au niveau du département de la Marne, nous avons constaté des conséquences très importantes sur les rendements agricoles. Il y a eu par exemple -30 % de la production de fourrage, -12,3 % pour l’orge de printemps.
Un des survivants est le colza avec une augmentation de 21 % et le blé tendre +4 %. L’agriculture doit donc adapter ses récoltes et ses pratiques pour lutter contre ce réchauffement climatique. C’est une tendance globale », prévient Serge Zaka.
Le niveau des rendements influe le niveau hydrique des sols qui sont très faibles. « La longévité de la sécheresse conjuguée aux fortes chaleurs impacte considérablement toutes les cultures, à l’exception comme on l’a vu du colza », ajoute l’agro climatologue.
Avoir des objectifs réalistes
On aura d’ici 2050 le climat de Toulouse à Rennes, cette image de Christiane Lambert montre bien une nouvelle fois l’enjeu et les modifications à venir dans les cultures. « Nous aurions dû davantage écouter les scientifiques. C’est une vraie nécessité que chacun d’entre nous se mette au travail collectivement. Il faut chercher des solutions et se mettre d’accord sur des objectifs réalistes et compréhensibles. Il faut une stratégie européenne commune et une conviction partagée. Il faut sensibiliser et rendre acteur tout le monde agricole pour poursuivre ces objectifs de décarbonation progressive », conclut Christiane Lambert, présidente du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles européennes).
Jean-Baptiste Labelle