Inquiétude et colère
25 octobre 2023Conférence sur l’Agriculture Bio de Conservation
3 novembre 2023Le sujet des accords de libre-échange revient régulièrement dans notre actualité syndicale.
La semaine dernière encore, l’Union européenne (UE) négociait avec l’Australie afin de garantir à l’Europe un meilleur accès aux gisements en « minéraux critiques» et réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine pour des composants clés dans la fabrication d’éoliennes et de batteries de voitures électriques. En contrepartie, l’Australie souhaitait obtenir une plus grande ouverture du marché européen à ses produits agricoles. Nous nous sommes opposés à cet accord faute de garanties sur la mise en place de mesures miroirs.
Ces mesures évitent la mise sur le marché européen de produits qui ont des impacts sur l’environnement ou la santé humaine. Elles sont très importantes car elles empêchent les pays, concluant des accords de libre-échange avec l’UE, d’exporter des aliments produits selon des standards bien inférieurs aux normes d’élevage françaises et européennes sur le plan environnemental. Elles nous permettent, en tant qu’agriculteurs, d’éviter de faire face à des distorsions de concurrence et garantissent aux consommateurs une alimentation saine et respectueuse de l’environnement.
Au moment où je rédige cet édito, nous savons que la finalisation des négociations entre l’Australie et l’Union européenne a échoué. Selon plusieurs sources, les désaccords portent sur les sujets agricoles notamment l’ouverture du marché européen à certains produits importés d’Australie et la reconnaissance de certaines AOP.
Si les négociations reprennent, nous serons extrêmement vigilants sur les sujets des clauses miroirs et de compétitivité de nos élevages. Nous demandons que les accords respectent les engagements pris par la France en matière de souveraineté alimentaire et de planification écologique. La France ne doit pas laisser croire qu’une stratégie de baisse de cheptel de vaches et de brebis sur ses territoires serait favorable à sa décarbonation, et accepter, sans sourciller, un accord de libre-échange qui facilitera l’importation de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de viandes bovines et ovines produites de l’autre côté de la planète !
Laurent Champenois, secrétaire général de la FDSEA de la Marne