Créer les conditions d’une croissance agricole durable en Europe
1 juillet 2022Nous arrivons au terme des négociations pour la PAC 2023, mais nous n’avons toujours pas l’ensemble des dispositifs stabilisés alors que nos choix d’assolement se font maintenant ! Maintien du budget, négociation des éco-régimes accessibles à tous les agriculteurs… Malgré les usines à gaz inventées par nos dirigeants, la FNSEA ne lâche rien, dans l’intérêt de tous les paysans (adhérents ou pas !).
Pire, une Commission européenne qui nous demande toujours de consacrer 3 à 4% de surfaces non productives, malgré le contexte de pénurie de matières premières.
Oui au développement de la biodiversité, mais avec des coefficients d’équivalence sur haies, jachères mellifères ou bords de chemins*. Notre demande est de cultiver, sur ces 4%, des protéines végétales pour contribuer aux objectifs de l’autonomie protéique européenne. Les choix d’assolements sont également devenus très complexes. Concernant les betteraves NNI, nous avons au moins réussi à lever une contrainte sur la gestion des intercultures (voir Marne Agricole du 17 juin).
L’acte de production doit être défendu en Europe et en France. La surtransposition des normes européennes est toujours d’actualité. Il y a urgence à agir pour alléger ce fardeau normatif qui, depuis 20 ans, a contribué à doubler nos importations alimentaires, pouvant dépasser les 50% selon les filières (fruits, légumes et volaille notamment). Prenons l’exemple de la moutarde : pourquoi les rayons sont-ils vides ?!… Il existe pourtant encore des producteurs de moutarde en France mais les surfaces ont fortement diminué à cause d’impasses sur la défense de la culture. Résultat : une bonne partie de la graine de moutarde est produite au Canada ou en Ukraine… Nous devons disposer des moyens de production nécessaires et vitaux : eau, protection des plantes ou bien encore lutte contre les dégâts occasionnés par la faune sauvage.
Enfin, l’enjeu du renouvellement des générations en agriculture est tel (avec une moitié des paysans qui partiront à la retraite d’ici 10 ans) que l’on doit renforcer, plus que jamais, l’attractivité de nos métiers, en donnant envie aux jeunes !
Il faut une véritable politique d’installation ambitieuse capable de lever les contraintes qui pèsent sur les porteurs de projets, qu’ils soient issus ou non du milieu agricole, et faire cheminer chacun par une formation initiale indispensable et reconnue. Il faut aussi une politique foncière qui encourage les propriétaires ou les cédants à mettre en location à de jeunes agriculteurs. Les départs d’agriculteurs doivent aussi être synonymes de transmissions réussies, pas seulement à l’agrandissement ou au plus offrant, mais avec des avantages pour l’installation d’un jeune agriculteur et des pensions de retraite dignes des engagements d’une vie de paysan au service de l’alimentation.
Les agriculteurs sont régulièrement contestés, pourtant nous avons de véritables messages d’espoir et d’espérance à porter ! Nos projets sont plus forts que les controverses véhiculées par certains médias et réseaux sociaux. Ne sous-estimez pas le travail du syndicalisme qui se fait le plus souvent dans l’ombre des dossiers et qui demande persévérance et détermination !
Par Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne