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30 septembre 2022Retraite : à quand un calcul sur les 25 meilleures années ?
7 octobre 2022Comme tous les trimestres, la FDSEA invite les parlementaires à une réunion d’échange, pour aborder les sujets d’actualité agricole.
Hervé Lapie, président, et Laurent Champenois, secrétaire général, ont rencontré les parlementaires marnais, le vendredi 30 septembre 2022. Cette rencontre fut l’occasion d’aborder les nouveautés de l’assurance climatique, l’approche économique de la récolte 2022, le dispositif HVE en cours de négociation, ainsi que le dernier rapport du Sénat intitulé « compétitivité, une urgence pour redresser la ferme France ».
Avant de rentrer dans le vif des sujets, Laurent Champenois a exprimé sa très vive inquiétude concernant la proposition de la Commission européenne d’étendre le champ d’application de la directive européenne sur les émissions industrielles à l’ensemble des exploitations d’élevage de 150 unités de gros bétail. « Décidément, tout est fait pour sacrifier les élevages bovins familiaux ! », s’indigne-t-il. « 150 UGB, cela représente 70 vaches ! ».
Les conséquences ? Une procédure de classement en ICPE d’autorisation avec enquête publique et un enregistrement sur un registre européen, des limites maximum d’émissions de GES et un plan d’action de réduction à respecter…sans oublier des coûts en plus pour l’éleveur. Pour rappel, dans la Marne nous n’avons plus que 60 000 bovins pour 500 éleveurs… La FNSEA est bien sûr mobilisée, depuis plusieurs mois, contre cette proposition. Plus d’infos en page 4.
L’assurance récolte en bonne voie
Hervé Lapie a rappelé que le syndicalisme a « ferraillé dur », de Bercy jusqu’à l’Élysée, pour obtenir les aménagements et financements nécessaires. Il reste encore plusieurs points problématiques, comme l’utilisation de la moyenne olympique, trop basse dans certains secteurs, et la connaissance précise du reste à charge pour les agriculteurs.
Autre difficulté : la méthodologie de calcul des pertes de rendement au niveau des prairies. Le fameux satellite Airbus n’est pas du tout fonctionnel pour ce type de calcul, souligne Laurent Champenois. « Il faut aller sur le terrain pour constater ».
Il ajoute que désormais, « le taux de spécialisation des élevages ne sera plus un frein pour accéder aux dispositifs d‘accompagnement. C’est une bonne nouvelle pour les départements en polyculture élevage comme la Marne ».
En théorie, le dispositif devrait être mis en place au 1er janvier 2023.
Nouveau référentiel HVE : des négociations à marche forcée
En tant que secrétaire général adjoint de la FNSEA, Hervé Lapie est en relation directe avec les ministères pour négocier sur ce dossier. Il reste inquiet sur l’évolution du nouveau référentiel qui pourrait exclure des agriculteurs investis dans la démarche, notamment sur le volet fertilisation. Il regrette que ces négociations se fassent à marche forcée sans permettre aux instituts techniques d’avoir le temps de tout analyser et donc d’apporter objectivement leurs conseils techniques et scientifiques.
Ces sujets environnementaux ont de réelles incidences économiques sur les exploitations. On commence à entendre que les parcelles de plus de 6 hectares seraient dévalorisées dans le nouveau référentiel. Hervé Lapie s’indigne : « pourtant, si nous développons le désherbage mécanique avec des outils adaptés, ce ne sera pas sur des petites parcelles d’un hectare ! Les Ministères sont vraiment déconnectés des réalités du terrain ».
Conjoncture économique : grande vigilance pour les prochains mois
Hervé Lapie présente en détail l’ensemble des prévisions économiques sur les exploitations de grandes cultures. Il précise qu‘il existe une très grande variation entre exploitants en fonction de ses choix de gestion, du climat géolocalisé, des choix techniques, etc.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, les résultats dépassent enfin le niveau des aides PAC.
La grande inquiétude réside dans l’augmentation des coûts de production en 2022, et surtout en 2023, et la capacité des agriculteurs et de leurs filières à les répercuter sur les prix de vente. S’ajoutent à cela, comme le précise le président de la FDSEA, les fortes évolutions des coûts de l’énergie et les impacts au-delà des charges dans l’approvisionnement des engrais. Dans ces périodes instables, Hervé Lapie considère que l’expertise des coopératives est indispensable pour accompagner les agriculteurs. Les laisser gérer seuls ces situations est dangereux. Les repères sont différents. « Il faut rester soudés et valoriser nos compétences et expertises communes, c‘est pour cela que nous avons créé ces outils », conclut-il.
Christophe Songy, FDSEA 51